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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 06:57

« Le bouleversement »

ou comment j’ai commencé à accepter ma condition d’être humain.

 

   

Auto psychanalyse de moi-même par moi-même avec l’aide des humains.

 

Kandy/le centre de méditation ; 30 KM en bus : 1H30 !!! 40°c debout et quichée.

 J’arrive enfin à la jonction où je dois descendre pour me rendre au centre.

A la jonction : un bouiboui et 3 tuktuk.

 

Forcément, une blanche qui descend sur une route qui mène nulle part, n’est venue que pour le centre de méditation, elle n'est pas là pour dire bonjour.

 

Donc ils me demandent si je veux de leurs services pour aller tout en haut de la colline.

 

Je leur dis oui mais d’abord je souhaite avoir un moment pour soigner mon futur cancer et mon futur diabète.

Je m’assoie et je savoure une ultime cigarette accompagnée d’un Fanta.

 Les derniers, car les 10 prochains jours se feront sans biscuits, sans clopes et sans soda.

 

On grimpe sur 3km à travers la foret et les plantations de thé. Il n’y a rien à part la nature et le centre.

 

Bienvenu à Nilambé méditation center.

 

A la place du panneau de bienvenue il y a une pancarte « silence ».

Heureusement que je suis motivée car j’ai connu mieux comme accueil.

 

Je me dirige vers le bureau d’accueil où se trouve déjà un touriste.

    centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (38)

Je suis accueilli par un moine qui ne parle pas anglais et qui me tend des fiches où les règles et instructions sont écrites en anglais.

Je ne comprends pas tout mais j’ai saisi le sens général et il y a de la place, je peux rester 10 jours.

 

Il me donne quelques bougies (ah, oui, il n’y a pas d’électricité : je vous l’avais pas dit ?) m’accompagne jusqu’à ma cellule, heu je veux dire ma chambre qui s’appelle un « Kutti » et retourne à ces activités.

 

La chambre qui normalement accueille 2 personnes (j’ai du bol je suis seule) :

environs 9 m2, deux lits en béton avec matelas, deux tables de chevets et une étagère sur laquelle trône une statue recouverte d’un linge (ce qui me fou un peu la pétoche alors je retire le linge et apparait un joli Bouddha).

  centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (23)

Sur les murs sont affichées les règles et le programme journalier.

 

PROGRAMME :

 

- 4h45 levé au son du gong

- 5h00 méditation

- 6h00 thé

- 6h30 Yoga

- 7h30 petit dèj

- 8h00 méditation en travaillant (jardinage…)

- 9h30 méditation (assise, debout, en marchant)

- 11h00 méditation individuelle et en extérieur

- 12h00 repas

- Jusqu’à 14h00 temps libre (douche, lessive, lecture, bibliothèque…)

- 14h00 méditation en marchant

- 14h30 méditation

- 15h30 thé

- 16h00 yoga

- 17h00 méditation en extérieur

- 18h15 snack

- 18h45 chants et méditation jusqu’à 20h00

- 20h00 enseignement et réflexions animées par le maitre de méditation (ou s’il n’y a rien : dodo)

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (3) regles    centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (2) regles    centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (4) emploi

Je ne comprends pas tout mais ce que je comprends c’est que tous les jours c’est: -levé à 4h45,

- silence toute la journée sauf ½ heure par jour

- et que 2 repas par jour.

 

Le dernier repas est à 12h00, au fait, je viens d’arriver il est 14h00…pas de bol !

 

Je viens de rater les seuls repas mais heureusement il y a un « snack » à 18h15 : OUF !

 

Avertissement pour les femmes : interdit de sortir du centre seule.

Ils ont eu pas mal d’emmerdements et la police a décider qu’a la prochaine intervention ils interdiraient l’accès au centre pour les femmes.

 

Je n’ai pas bien connaissance des faits mais je trouve ça étrange que des femmes se fassent importuner par des locaux et qu’en plus ce soient elles qui soient « punies ».

 

Le centre est agréable malgré qu’il soit entouré de barbelés (mesures nécessaire suite aux locaux qui venaient importuner les femmes).

 

Il est divisé en plusieurs parties :

- Le jardin d’environs 800m2 avec des arbres magnifiques et plein de fleurs.

centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (16)   

- La maison du maitre de méditation (derriere la verdure!)

centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (3)   

- Le quartier femme/le quartier homme (pas de photos car pas le droit d'y aller)

    centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (41)

- Le réfectoire : avec le gong à coté

    centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (37) refec

- Cuisine, accueil  

- Salle de méditation

- Salle de yoga

- Bibliothèque

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (35) bibli

Il règne ici un calme et une sérénité contagieuse.

 

Malgré les règles et l’hébergement à la rude je me sens terriblement bien ici.

 

Il n’y a pas d’électricité, de l'eau filtrée que l'on peut boire et on stocke le PQ usagé pour le faire bruler dans un gros four, sinon ça bouche les canalisations (working méditation).

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (42) compo

    A fait, je ne vous ai pas encore montré ceci:

centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (20)

Un rouleau de papier toilette comme beaucoup d'autres à une exception prés: la date de péremption!!!!!!

Je ne sais pas ce qu'il se passe aprés cette date mais ça doit pas être beau à voir...

 

 

Je prends le thé et super, c’est le moment où on a le droit de parler.

 

Je fais la connaissance d’un homme, québécois, sympas mais je le sens pas.

 

Je lui demande si l’on entend bien le gong du réveil parce que 4h30 ça fait quand même « tôt ». Il me répond qu’on l’entend trop bien.

 

On arrive vite à 18h, « snack » qui est constitué de tranche de pain de mie avec beurre et confiture (quand on a de la chance, sinon c’est juste beurre alors je rajoute du sucre dessus).

 

C’en suit une séance de chants et de méditation aux bougies.

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (12)

C’est sympa,la journée est finie on part au dodo (21H00).

 

Dimanche:

Ratage du réveil, j’avais ouvert les yeux à 3h15 mais je les ai refermés aussitôt.

 

Ma montre n’a pas sonné et je n’ai pas entendu le gong, qui, pour que je l’entende devrait être sonné dans ma chambre.

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) GONG

Je me lève rapido et cours à la salle de méditation.

J’arrive à 5h10 au lieu de 5h00 : ça va !

 

C’est aux bougies comme hier soir.

Ça donne une ambiance chaleureuse et mystique.

 

La salle de méditation est une grande pièce lumineuse et rectangulaire, aux murs blancs et aux coussins bleus, avec une porte à chacune des extrémités.

Sur les deux cotés les plus long, des coussins sont disposés sur un large rebord qui fait office de siège.

D’un coté des fenêtres qui donnent sur des arbres et de l’autre un mur plein.

Au centre le sol est recouvert d’un immense tapis de jute et le toit est constitué de poutres et tuiles apparentes avec certaines transparentes (les tuiles pas les poutres !).

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (51)salle

A l’une des extrémités de la pièce : l’hôtel.

 

Un bouquet de fleur, la photo du fondateur du centre, des bougeoirs, un bol chantant (bol tibétain), le coussin de méditation de Upul (maitre de méditation absent pour quelques jours) et bien sûr Bouddha qui est sur élevé sur une étagère.

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (44)salle           centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (46)salle

Lorsque les bougies sont allumées elles n’éclairent qu’une partie de la pièce et laisse le reste dans une semi-pénombre.

Les personnes qui méditent en position tailleur sont couvertes d’un châle (car le matin ou le soir il fait froid) et ressemblent à la statue de ma chambre.

L’ensemble est un mélange très spécial qui apaise et fou la trouille en même temps.

 

Je suis le programme avec plaisir et plein de curiosité.

 

Pour l’instant je ne sais pas comment on fait pour méditer alors je dois avouer que je me fais un peu chier pendant la méditation qui compte quand même entre 5h et 7h par jour.

Je me mets donc face aux fenêtres pour observer la vie dehors.

Je flâne et réfléchie assise en tailleur, d’ailleurs la position est très agréable mais pour la tenir durant plusieurs heures ça devient très vite désagréable voire douloureux.

 

Le cours de yoga du matin est dispensé par Véronica, une hispanique qui parle bien l'anglais, cette femme rayonne.

 

Et enfin nous y voilà, le PETIT DEJEUNER !!! Sonné par le gong.

Ça fait quelques heures qu’on est debout et je crève la dalle (pas de repas hier).

Riz et dal (légumes et féculents) et des bananes.

 

Je prends une banane en plus pour plus tard…

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (53)

Ca c'est pour que vous aillez la banane!   

 

Les repas et certaines méditations sont annoncés par le son du gong.

Barrière infime entre le conditionnement et le rituel…

 

Je fais la connaissance de ma voisine de chambre pendant le jardinage.

Suisse allemande : Margaret.

Je lui demande si elle veut bien me réveiller le matin : oui.

 

Je suis le programme et me rends à toutes les méditations même si je ne sais pas comment on fait.

 

1èr jour sans cigarette !!

 

C’est moins dur que ce que je pensais mais j’ai super envie de fumer et j’AI FAIM !!!!!!!!!!!!!!!

 

Je n’arrive pas à dormir, je dormirai juste quelques heures.

 

Lundi:

4h45 ma voisine Magaret frappe à la porte pour me réveiller : sympas la voisine.

Je la remercie car encore une fois je n’ai pas entendu ce foutu gong.

 

4h45  DU MATIN ça pique un peu !!

Je m’ennui en méditation.

 

Il pleut.

 

J’aime la salle de Yoga, elle est presque tout en bois et elle surplombe tout le centre, le bouddha est sur un tronc d’arbre qui part dans plusieurs directions.

centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (25)salle     centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (26)salle

Il y a aussi un dessin sous verre qui représente les différentes étapes de la mort, un peu glauque mais réaliste.

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (29)salle

Nous partons en fin de journée faire une petite marche en dehors du centre. Nous sommes quelques femmes (5 ou 6) et nous sommes accompagnées de l’ancienne : une vieille dame environs 70 ans qui vit ici a l’année.

 

Elle nous « encadre » pour qu’on aille pas trop loin car on ne peut pas aller très loin « c’est interdit » pour les femmes.

On longe le centre et on arrive en haut de la colline où s’offre à nous un paysage splendide.

Les couleurs sont sublimes.

Il a plu aujourd’hui mais la pluie a cessée et le ciel est parsemé de nuages qui filtrent et concentrent les rayons de soleil ce qui donne un aspect de nature sauvage comme au commencement du monde quand l’homme n’était encore qu’un animal parmi les autres.

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (90)    centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (98)

Les animaux y’en a des tas ici et aujourd’hui les plus présents sont les sangsues.

 

Mardi:

Je me lève il est 4h30.

J’ai entendu le gong, le réveil de ma voisine (un joli carillon), mon réveil…et je me suis levée avant tout ça !!!

 

Aujourd’hui c’est POYA (pleine lune) une journée spéciale pour les Sri Lankais.

Quantité de locaux viennent prier et méditer au centre, ils sont tous en blanc.

 

Les touristes dont je fais partie sont relégués à la salle de yoga, la salle de méditation est réservée aux locaux : on ne mélange pas les énergies ici !

Je ne comprends pas cette différence.

 

Le repas est amélioré et on a même droit aux friandises !!!

 

Après le petit dèj (pendant le « working méditation ») je discute avec Robert, un prof de méditation suisse allemand, qui m’explique les rudiments de la méditation.

 

Il m’explique que ça prend du temps la méditation et apprendre à méditer demande beaucoup de patience.

C’est comme une plante qui pousse, on ne peut pas tirer dessus pour qu’elle pousse plus vite, il faut l’entretenir et lui donner du temps.

 

La méditation c’est comme un jeu, on se concentre et on ne pense qu’au moment présent.

A chaque fois que l’on a une pensée il faut revenir au moment présent mais sans lutter, sans contraintes, sans efforts. Comme un élastique qui se tend et revient.

 

La méditation c’est « ICI ET MAINTENANT».

Ça laisse du temps et de la place pour autre chose quand on ne réfléchit pas.

 

Il me dit qu’à mon âge il a fait la même chose que moi ; il était architecte et il a tout plaqué pour trouver qui il était et a fait le même parcours que moi.

 

Il a fait de la méditation et la première fois il était comme moi, ça lui a plu et maintenant il est prof de méditation.

 

Ça me fait du bien de parler à quelqu’un qui a vécu la même chose, qui a eu les mêmes doutes, les mêmes souffrances, les mêmes questions et qui cherchait des réponses.

 

Il est à l’écoute et connait ma quête.

 

Ça fait 40 mn qu’on parle et on n’est pas autorisé à parler normalement alors quand UPUL passe devant nous on lui dit « encore 2mn » et on retourne à nos activités.

 

Daniela, une pensionnaire, me montre un livre qu’elle a pris à l’accueil :

 

« your mind is bigger than all the supermarkets in the world” some guidance for a lost westerner

Conversation with Upul Nishantagamage by Cécilia Néant Falk

 

Le maître de méditation interviewé par une européenne.

 livre 9 (2)    livre 9 (1)

Rien que le titre est génial. Je tente et surprise je comprends ce qu’il y a d’écrit !!!

Je vais à l’accueil et lui demande si je peux en avoir un exemplaire.

Mon premier livre en anglais !!!!

 

Ils parlent du temps : « Qu’est-ce que le temps ? Le temps est un concept. Nous créons un concept dont nous devenons prisonniers ».

 

Le temps n’existe pas.

Le passé est comme un rêve, il n’existe pas dans le présent mais il influence la perception que l’on en a.

 

(ça c’est de moi) :

« Le passé n’existe plus, le futur n’existe pas encore. Le présent est un mélange des deux sans en être aucun d’eux. »

 

Les souvenirs sont des émotions qui varient selon le temps. (ex : l’Inde, c’était affreux mais maintenant le souvenir que j’en ai est moins intense).

 

« The unexpected can happen », l’inattendu peut arriver, il faut laisser de la place à l’inattendu, ne pas tout programmer.

 

Nous sommes seul, nous naissons seul, nous mangeons, dormons, allons aux wc pour nous et pas pour quelqu’un d’autre, nous mourons seul. Nous ne pouvons pas respirer pour quelqu’un d’autre.

Ce bouquin est génial.

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (49)salle

Mercredi:

Levé avant le réveil !

 

Aujourd’hui Véronica n’est pas là pour nous faire le cours de Yoga alors je le fait seule en essayant de me souvenir des mouvements de la veille.

 yoga Merci Anna pour la photo!

   

Au petit déjeuner je vais m’assoir devant la bibliothèque où se trouve des feuilles plastifiées sur des sujets divers et variés.

 

J’en prends une au hasard : le présent.

 

Il est écrit que c’est très dur de vivre le présent car nous le vivons à travers notre passé.

Tous nos actes et nos réactions sont conditionnés par nos expériences passées et c’est pour ça que c’est très dur de le vivre « neutre ».

Nous sommes chargés d’émotions qui influencent nos actions et nos pensées.

Elles n’ont plus leurs places ici et maintenant, ce sont des émotions anciennes qui sont survenus lors de faits anciens et pourtant elles nous conditionnent tous les jours.

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (48)salle

J’en prends conscience et analyse les miennes.

 

Je pleure comme j’ai rarement pleuré. Je pleure du plus profond de mon être.

 

Je pleure de détresse, de souffrance, de peur (je suis totalement effrayée), je me sens complètement PERDUE et je me dis que mes pleurs et mes souffrances passés n’étaient rien comparés à aujourd’hui.

J’ai l’impression d’avoir pris conscience de l’immensité de l’univers mais d’y être perdue sans carte routière.

 

Je réalise que j’ai peut être entrepris une quête trop difficile pour moi, que je me suis surestimée.

Je ne suis pas assez forte pour réussir ce à quoi je prétends. Je me déteste et je suis déçue.

Un sentiment de rage mêlé de désespoir apparait et me dévaste.

 

Je sèche mes larmes pour ne pas paraitre minable en traversant le jardin peuplé de gens qui paraissent si accomplis et sereins.

 

Je rentre dans ma chambre et je n’en sortirai plus jusqu’à midi pour le repas.

Je ne vais pas à la méditation du matin, je ne fais que pleurer et je n’arrive pas à m’arrêter.

 

A midi je prends mon assiette et retourne manger devant la bibliothèque, bien à l’écart du groupe pour éviter tout contact qui pourrait altérer mon état fragile mais temporairement stable et me faire pleurer à nouveau.

 

Je retourne dans ma chambre et les larmes reviennent.

Je ne contrôle rien, ça me submerge comme un tsunami.

 

Je n’irais pas non plus a la méditation de l’après-midi.

 

Je vais prendre le thé à 15h30 et évite le contact car en plus c’est le moment où l’on a le droit de parler.

Je m’éloigne mais le canadien, le seul avec qui je ne veux pas parler et auquel je veux échapper, vient me coller.

C’est comme les animaux, moins vous les aimez et plus ils viennent vers vous.

 

Je suis irritée dès la première parole mais après je me radoucie et me dis qu’il n’y est pour rien, il veut juste parler.

Il me parle de livres et du lonely planet, aucun interet.

 

Je retourne à ma chambre et je zappe le Yoga de l’après midi.

J’ai envie de fumer et j’ai envie d’aller courrir pour me vider de ces émotions..

Mais je ne peux faire ni l’un ni l’autre. Je n’ai pas de clopes et je n’ai pas le droit de sortir du centre toute seule.

Je sens que je vais éclater.

 

Malgré qu'il n'y ai pas d'électricité je me souviens qu'il reste de la batterie à mon MP3.

De la musique à fond les ballons dans le MP3 et c’est parti pour une heure intensive de sport dans ma chambre comme les détenus dans leurs cellules (décidemment je leur ressemble beaucoup…).

 

Un mélange de danse, de sport en salle, et de boxe (j’y connais rien mais foutre des coups de poings dans l’air ça fait du bien).

Tout y passe, des pompes aux abdos, des fessiers aux cuissots, je me donne à fond et même au-delà.

Je suis en transe.

Transportée, anesthésiée par toute cette énergie émotionnelle qui déborde.

J’ai déconnecté le cerveau et évacue par le corps.

 

Je fini liquide et complètement vidée.

Je crois que j’’ai trouvé le moyen d’arrêter les pleurs et de canaliser toute cette peine et cette rage que j’ai envers moi-même ; mais je fais erreur.

En allant à la douche, je croise ma voisine qui me demande comment ça va car elle a vu que je n’allais pas bien.

Et là je m’écroule en sanglots.

 

Je lui explique que je suis complètement perdue et que je m’en veux de ne pas être assez forte pour m’en sortir ; que je pleure non-stop depuis ce matin et que malgré la séance de sport la plus intensive que je me suis jamais imposée je n’y vois pas plus clair et je ne suis pas plus apaisée.

 

Cette femme d’une cinquantaine d’années qui parait tellement sereine et calme et posée et etc me dit qu’il y a 30 ans lors de sa première venue au centre elle a pleuré pendant 3 jours. Elle était dans un état pire que le mien.

Elle me dit que je ne m’en rends pas compte mais que tous les gens ici pleurent à un moment ou a un autre, c’est un processus normal.

Le corps et l’esprit évacuent.

 

La durée et l’intensité est différente celons chacun, on est tous différents, mais le processus est le même.

 

Elle me conseille de ne pas ruminer tout ça et d’aller voir Upul « le sage » (maitre de méditation) pour lui demander conseil.

 

J’irai le voir demain mais d’abord : une douche !!!!

 

Jeudi:

Levée avant le gong.

J’ai beau être matinale, j’ai mal, j’ai mal.

Oui, à 4h30 je peux vous dire que ça pique un peu même quand on commence à s’habituer.

 

Trop de sport tue le sport : j’ai des courbatures terribles de ma séance d’hier.

Je crois que ma tête n’a pas écouté les limites de mon corps et maintenant il lui fait savoir.

 

Après le thé je vais à l’accueil (Margaret m’a dit que Upul y était).

Je le vois et lui demande un RDV.

 

Il me dit de m’assoir et de me dire ce qui ne va pas.

Je pleure rien qu’à l’idée d’y penser.

Je lui explique grosso-modo ma situation et lui dis que je recherche la paix et la sérénité pour pouvoir vivre correctement et me consacrer à d’autres choses.

Il hoche la tête et me dit de le rejoindre après le repas devant son bâtiment.

 

Pour le petit dèj (les repas sont très attendus) on a un mélange de :

- Porridge ou Gruau chaud (je sais pas bien j’ai jamais mangé ni l’un ni l’autre)

- Cacahuètes grillées

- Dattes

- Bananes

 

Je fais une réserve de cacahuètes et de bananes.

 

Je rappelle que j’ai arrêté de fumer, que je suis dans un endroit où je ne peux pas manger quand j’ai faim, où je ne peux pas aller acheter de nourriture, et où je n’ai que 2 repas par jour alors OUI je fais des réserves car je crève la dalle !!!!

 

Je mange une quantité impressionnante de sucre : dans le thé (qu’on a 2 fois par jours et à chaque repas) et sur les tartines de 18h00.

Alors je vous rassure, je ne suis pas en train de dépérir au contraire, mais j’ai juste la sensation d’avoir toujours faim.

 

Je vais a la méditation et c’est la méditation en mouvement.

Jusqu’à présent j’avais vu les gens marcher mais je ne savais pas comment faire pour méditer en marchant.

 

Upul guide la séance.

Il nous dit de prendre conscience lorsque l’on pose le pied au sol, de ressentir tout le mécanisme du corps et de ne pas le faire par automatisme mais d’en prendre conscience…

 

Ça peut paraitre crétin mais c’est la première fois que j’ai pleinement conscience de marcher : pas mal à 34 ans !

 

Je pleure et je m’étouffe : j’ai avalé de travers. Je sors.

 

Pour le repas je me dis que je mangerais bien une bonne raclette et un yaourt !

Vœux exaucé (en partie et adapté) : curd (yaourt de bufflonne) et patates tellement onctueuse qu’on dirait qu’il y a du fromage !!!!

 

Je passe à la bibliothèque et j’emprunte un livre « entrer en amitié avec soi-même » dire oui à la vie, se réconcilier avec soi-même et le monde. de Pema Chödrön.

 livre (7)   livre (8)

Ce sujet a été abordé en méditation « dirigée » (Upul parle quelques instant) et je souhaite en savoir plus car je pense qu’une partie du problème vient de là.

 

Je vais à mon RDV avec Upul.

Nous sommes sous la pergola fleurie assis sur des pierres.

Cet endroit est magnifique, on est entouré de nature.

centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (13)    centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (4)

Il est habillé en blanc et a un visage qui respire la bonté et la sérénité.

 

Il me demande quand est-ce que j’ai commencé mon voyage et si je suis contente d’être ici, comment ça se passe… que des questions qui pour moi ne sont pas en rapport avec les questions que je me pose et les réponses que j’en attends.

 

Je lui dis que j’ai tout lâcher pour me trouver et que maintenant je suis perdue.

Je ne sais pas quel métier je vais faire mais qu’à la limite c’est pas le plus important.

 

Le plus important c’est que je me suis retrouvée face à la partie noire de moi-même et que j’aimerais la faire disparaitre.

Que je me déçois et que je ne suis pas aussi forte que j’aimerai l’être pour changer, pour évoluer mais qu’en même temps je ne sais pas comment faire.

    centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (50)salle

En gros j’aime une moitié et je haie l’autre moitié de ce que je suis.

 

- Je pensais me connaitre mais c’est faux,

- Je pensais savoir comment fonctionne le monde mais c’est faux car en lisant les enseignements et les réflexions bouddhistes je me rends compte que je ne sais rien et que j’ai tout à apprendre,

- Je pensais être rigoureuse, appliquée et ultra-motivée mais c’est faux,

- Je pensais être ouverte d’esprit et ne pas juger les autres mais c’est faux,

- Je pensais pouvoir comprendre et appliquer les enseignements que je recevrai pour devenir quelqu’un proche de la perfection mais c’est faux,

- Je pensais gérer ma vie mais c’est faux.

 

Je me déteste de ne pas être capable d’y arriver.

 

J’attendais des réponses à toutes ces impasses mais à la place de ça il y eu un long silence.

Il m’a regardé et m’a dit : « tu n’as pas un gros problème, il est même tout petit ton problème. »

 

Je me suis dit sur le moment que mon anglais était pourrit et qu’il n’avait pas compris le quart de ce que je lui avais raconté en pleurant.

 

Mais c’en est suivi une phrase qui sur le moment ne m’a pas satisfaite et que j’ai trouvé un peu légère et simpliste mais qui par la suite des heures et des jours a raisonné comme une révélation, une réponse qui a toujours été là, d’une logique implacable et d’une sagesse immense :

 

« Il faut que tu commences à t’aimer, à être amie avec toi-même et tout ira mieux. »

 

Ça a été confus puis très clair, en un instant j’ai rassemblé tous les bouts de réflexion et de lecture qui n’avait pas trop de sens et qui étaient resté dans un coin de ma tête.

 

 

    Avec l'aide du livre et ma reflexion personnelle j’explique ceci comme suit :

 

« Ne cherche pas à tuer une partie de toi mais accepte les toutes autant qu’elles sont. Comprends les, utilise les et devient ta meilleure amie.

 

On ne lutte pas contre sa nature, on en prend conscience, on la comprend et on l’accepte.

Nous ne sommes pas parfaits mais ce n’est pas pour autant qu’on en est détestable.

On porte un jugement sur tout et surtout sur soi-même mais on est humain et on a le droit à l’erreur.

Il faut juste en être conscient pour s’améliorer.

 

La lutte intérieure et extérieure pour tendre vers l’aboutissement de notre condition humaine n’est pas la violence mais l’amour ; et cet amour on doit s’en accorder un peu. »

 

L’idée est excellente, c’est dans la pratique que ça pèche !!!

 

20 mn de ma vie à parler avec quelqu’un que je ne connais pas et dont je ne comprends pas tout ce qu’il raconte, avec son anglais fortement teinté d’accent Cingalais ; une phrase et j’ai le début d’une réponse qui m’emmène sur un chemin où se trouve plus de questions que de réponses mais qui me procure une paix et une sérénité que je n’avais plus depuis longtemps.

 

Ça a l’air si simple !!!

J’en arrive à la conclusion que je ne serais jamais Bouddha.

Il faut juste que j’essaye d’être meilleure et d’être plus CONSCIENTE de ce que je suis.

Je ne suis pas parfaite et je ne suis pas aussi forte que j’aimerai, je n’ai pas la volonté de déplacer des montagnes et j’ai mon « dark passenger » (Dexter) comme tout le monde.

A moi de faire ami/ami avec tout ça car je suis aussi quelqu’un de gentil, aimante et généreuse.

Je ne peux pas tout changer mais je suis sur la bonne voix et comme disait Martin :

« Personne ne te demande d’être forte à part toi même ».

 

C’est comme avoir toutes les pièces d’un puzzle sans savoir ce qu’on a comme image finale.

Et sur celui-là il y a une image des deux cotés !

 

J’apprends à jouer, j’apprends les règles petit à petit (au fur et à mesure que j’avance) et il ne reste plus qu’à jouer… !

 

5 jours sans clope !

Là j’ai super envie, je fumerais même la vieille feuille fanée du géranium qu’il y a en face de ma fenêtre !

Ben quoi, je suis sure qu’avec d’autres herbes locales ça doit pas être dégueulasse…

 

Le soir après la séance de chants/méditation Upul prend la parole et nous parle de beaucoup de choses.

La méditation, le présent, l’acceptation, s’aimer soi-même…et parsème son discourt d’exemples et de légendes à morale.

 

« Un moine demande à son maitre comment faire pour ne plus penser pendant la méditation.

Son maitre lui répond : « il ne faut pas que tu penses aux singes »

Le jeune moine lui répond qu’il ne comprend pas puisque il pense à tout sauf aux singes.

La méditation suivante le jeune moine se dit « il ne faut pas que je pense aux singes » et là il ne fait que de penser à eux. Jours après jours ça devient une obsession et ils sont de plus en plus nombreux.

Et il se met en colère, et plus il se met en colère et plus les singes sont en colère et nombreux.

Un jour il décide de faire copain copain avec les singes, d’accepter leurs présence et ils disparurent puis il cessa de penser à eux ».

Moralité : on ne lutte pas avec de la colère ou de la violence et quand on se dit de ne pas penser à quelque chose on est sûr que ça devient une obsession.

 

En parlant de singes, il y en a beaucoup qui courent dans le centre à la recherche de nourriture.

Les poubelles sont lestées de gros cailloux pour éviter qu'ils ne fouillent dedans.

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Je regarde l'une d'entre elles et me dit que c'est une bonne solution car aucun singe n'a la force de SOULEVER le couvercle.

Un singe s'avance et bascule la poubelle qui avec le poid du cailloux tombe et répand tout son contenu.

Voici la première leçon qu'un singe m'a donné: rien n'est impossible, il suffit de penser différemment!

 

Deuxième histoire d'Upul

« Une femme est dans son jardin en train de chercher son aiguille à coudre.

Son fils rentre à la maison et la voit chercher dans le jardin.

Il lui demande ce qu’elle y cherche et elle lui répond son aiguille.

Il l’aide et après un moment à chercher sans succès à trouver cette aiguille à travers tout le jardin il demande à sa mère où précisément elle a fait tomber l’aiguille.

 

Ça mère lui répond : « dans la salle à manger »

Le fils lui demande alors pourquoi elle la cherche dans le jardin.

Elle lui répond qu’à l’intérieur il fait trop sombre et qu’elle n’y voit rien alors elle est sortie car dehors il y a de la lumière et que c’est plus facile pour chercher. »

 

Souvent quand on cherche quelque chose on ne regarde pas au bon endroit on prend la solution de facilité mais on ne trouve pas ce que l’on cherche.

 

Il nous dit aussi que nous sommes tous différents et que ce qui est bon pour un ne l’est pas forcément pour l’autre. Par exemple : quelqu’un peut boire beaucoup de café et ne pas être énervé, un autre va en boire juste une tasse et sauter au plafond.

A nous de nous connaitre.

 

Ce monologue en anglais d’Upul était instructif bien que trop long à mon goût.

 

Vendredi:

Réveil avant le gong : je m’impressionne.

 

La méditation commence à me plaire, je ne tiens pas l’heure entière mais comme a dit Robert c’est pas le rendement qui compte c’est la pratique et on est tous différents il est donc normal qu’on n’est pas les mêmes facultés et besoins.

 

Le jeu est amusant.

Je ne pense à rien je me concentre sur ma respiration ou je visualise un symbole (ça aide à la concentration : ying et yang, om…) et mon esprit s’échappe et pense.

Je réalise que je suis en train de penser, j’en prends conscience et je lui colle l’étiquette « pensée » pour arrêter le processus puis je reviens au moment présent.

 

J’aime l’ambiance, le jeu d’essayer de ne penser à rien et les pauses que je m’accorde en regardant la vie par la fenêtre face à laquelle je m’assois souvent.

 

C’est rare que je ne pense à rien, d’ailleurs je pense souvent à ce qu’on va manger ou boire (ça, ça ne change pas c’est TCHAÏ) et j’ai l’impression d’apprécier d’avantage ce que je mange, ça a plus de gout.

 

Véronica ( la prof de yoga) est de retour après 3 jours d’absence.

Même si je ne parle pas avec elle je suis heureuse qu’elle soit là et en plus elle nous fait les cours de yoga.

 

En ce moment je pense beaucoup à Caux et à ceux que j’aime.

 

C’est étrange mais quand je pense à « chez moi » c’est Caux que je visualise et pas Nîmes.

Parce qu’à Caux je me sentais chez moi, j’ai ressentis ça le premier jour où j'y suis entrée (13 juin 2009) pour l’entretien d’embauche, ça ne m’étais plus arrivé depuis le village de mon enfance.    

 

Ici, au centre de méditation je suis bien, PERDUE mais BIEN.

 

Je ne sais pas si mon évolution ira dans le sens que je souhaite ni même s’il y aura une évolution.

 

J’ai commencé à parler à mon esprit et à mon corps (ça fait un peu schizophrène pour le coup mais c’est rigolo) comme m’a conseillé Upul pour faire ami/ami avec moi-même et commencer à m’apprécier.

En gros on se parle à soi même en s'expliquant se qu'on fait et pourquoi on le fait, en quoi ça nous est bénéfique ou l'inverse.

On dirait une mère qui parle à ses enfants pour les éduquer: avec tendresse et plein d’amour mais fermeté et compréhension.

 

J’éduque mon nouveau moi.

 

La séance de sport d’avant-hier me fait souffrir, il faut que je sois plus gentille avec mon corps.

Il faut que je sois plus attentive et que je commence à l’accepter entièrement avec tous ses défauts, ses poils, ses rondeurs, ses bourrelets et tous les détails disgracieux mais qui font que je suis MOI.

Encore une fois l’idée est géniale mais c’est dans la pratique que ça merde !

 

Quand je vois toutes ces femmes aux corps parfaits et que je suis à coté d’elles je ne peux pas m’empêcher de me détester.

Du coup c’est bien moins évident de mettre sa théorie en application.

Et je deviens envieuse et jalouse.

 

Alors pour penser à autre chose je réfléchie à autre chose comme LA REALITE dont ma perception a changé depuis mon arrivée :

 

C’est comme si vous sortiez d’un rêve, comme si votre vie ne vous appartenait plus, comme si vous sortiez de la MATRICE.

 

C’est effrayant de réaliser que « sa réalité » n’est pas « la réalité », qu’elle n’est que l’interprétation que l’on en fait avec SES sentiments, avec SES émotions et avec SON passé.

 

Ex :

 

LA Réalité : une journée pluvieuse

 

SA réalité :

- une journée de merde :

 

Si l’on a prévu une activité en plein air qui nécessite du soleil et qu’on doit l’annuler parce qu’il pleut on est déçu et on se dit que c’est une journée pourrie et perdue et on la vivra telle quelle puisqu’elle ne correspond pas à nos espérances, à nos attentes et qu’on s’en est convaincu.

 

- une belle journée :

sa culture de maïs, blé, fleurs…a besoin d’eau et nous de repos.

Il pleut toute la journée ce qui irrigue la plantation et nous permet de prendre du repos.

C’est une belle journée car nos espérances sont comblées.

 

La réalité c’est juste qu’il pleut.

Ce n’est ni triste ni gaie, c’est un fait, il est présent c’est tout.

 

La bonne ou la mauvaise journée c’est l’interprétation qu’on en fait et la façon dont on veut la vivre.

 

Tout n’est que concept et l’on s’enferme dans les concepts que nous créons.

 

ICI ET MAINTENANT :

 

Le passé et le futur n’existent que dans nos esprits, c’est une création (elle aussi évolutive, voyez comment vos souvenirs peuvent changer et vos projets pareillement), le temps est un concept.

 

Je ne peux pas prendre conscience de tout cela en même temps.

Je ne suis pas Bouddha.

Mais rien que le fait d’en avoir connaissance ça fou la trouille.

Je suis un humain en devenir et comme tout humain je commets des erreurs la différence maintenant c’est que j’ai conscience d’être dans la matrice mais je sais comment en sortir ; le plus dur c’est d’emprunter le chemin pour en sortir.

 

Ce sera long (mais les graines que l’on plante ne donnent pas instantanément un arbre centenaire) et peut-être que je n’aurais pas le courage d’aller jusqu’au bout, peut-être même que tout s’arrêtera dès que je sortirai du centre mais une chose est sûre : je suis consciente.

 

On est responsable de nos sentiments et c’est à nous à faire en sorte qu’ils tendent vers le positif.

Nous nous créons heureux : nous sommes responsables de notre bonheur comme de notre malheur.

En prendre conscience, le réaliser, l’intégrer et l’accepter.

 

J’ai toujours voulu être extraordinaire dans un monde ordinaire, maintenant je vais  apprendre à devenir ordinaire dans un monde EXTRAORDINAIRE.

(Inspiré du guerrier pacifique: "Tu as toujours essayé de devenir supérieur dans un royaume ordinaire. Maintenant tu vas devenir ordinaire dans un royaume supérieur").

 

J’aimerais vous dire que le centre m’a donné « LA » réponse mais ce n’est pas le cas.

Ça m’a créé encore plus de questions et donné quelques chemins à suivre mais aucun miracle, je n’ai pas eu l’illumination malgré que je sois un peu illuminée... !

 

LE SILENCE :

 

Lorsqu’on ne peut parler qu’1/2 heure par jour on se dit qu’on va  bien choisir et sélectionner ce qu’on va dire mais les premier jours : QUE DALLE !!!

 

On parle autant qu’une boulimique a besoin de nourriture pour combler son mal.

C’est comme un automatisme, un manque.

Les jours qui suivent lorsqu’on est plus reposé, plus détendu et concentré on en arrive à ne plus avoir envie du tout de parler, on en a plus besoin.

 

Je n'ai plus envie de parler

 

Je suis passée d’un extrême à l’autre (comme d’habitude) !

Maintenant j’essaye de trouver le juste milieu mais je crois que je n’ai jamais autant apprécié le silence.

 

Il est apaisant et constructeur.

Il enseigne à sélectionner ce qui sort de notre bouche chaque fois qu’on l’ouvre et nous fait prendre conscience qu’on l’ouvre souvent pour ne rien dire.

 

Donc j’essaye de sélectionner mes paroles mais quel travail !!!!

Et sortie de cet environnement serai-je aussi disciplinée ?

Je ne crois pas.

 

INCONSTANCE :

Tout est inconstant, éphémère : ça n’a rien de rassurant.

Alors pour se rassurer on accorde la pérennité à certains objets (ma voiture est neuve elle ne me lâchera pas de sitôt) ou certaines personnes (j’ai trouvé l’âme sœur on ne se séparera jamais) ce qui nous donne un sentiment de « sécurité » mais ce n’est qu’illusion/chimère.

On y croit dur comme fer et lorsque ses choses ou ses personnes meurent ou disparaissent le sentiment de sécurité s’en va avec.

Alors on a peur, on est triste et on trouve un substitut, autre chose qui nous sécurise car c’est dur de vivre ici et maintenant, dans l’incertitude du devenir.

Mais c’est normal que ce devenir soit incertain puisqu’il n’existe pas encore/ ici et maintenant.

 

Vous pensiez avoir tout vu et entendu avec Jean-Claude Van-Damme et bien non !!!!

Voilà Caro-Line Van-Dulon !!!

 

Je suis AWARE !!!

D’ailleurs je n’avais pas été curieuse de savoir ce que voulait dire ce mot quand je l’avais entendu de la bouche de JC van Damme, il m’avait juste fait rire.

 

Aware signifie conscient !

Et ici je l’entends tout le temps.

Il faudrait que je re-visionne le monologue de Van-Damme, finalement peut-être qu’il ne manque pas autant de bon sens que ça ?!?!

  centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (30)salle

C’est étrange, je souhaite sortir de cette grande illusion qu’est la vie telle que je peux la percevoir mais en même temps je souhaite garder un peu de cette illusion et de ces petits plaisirs tel que boire et fumer : je ne suis pas prête à vivre comme ascète.

 

Le nirvana c’est pas pour demain !

C’est comme une démangeaison, on la gratte et ça soulage mais c’est mieux de ne pas avoir de démangeaison du tout.

 

« C’est si simple d’être un humain mais par confort on choisit la voie la plus compliquée et par la suite c’est si dur d’en sortir. »

 

C’est aussi par confort que je reste un temps dans cette vie.

 

Ah, je voulais de la logique : j’ai été servie !!!

Maintenant il ne reste qu’à l’appliquer.

 

Samedi:

Ratage de levé (4H45 et 5H00).

 

Après le yoga, l’espagnole (une femme qui m’a l’air bien triste, elle ne sourit presque pas et a l’air sévère) est restée allongée dans la salle.

 

Je ne sais pas si elle s’est endormie ou si elle n’est pas bien et veux rester seule.

Je pense qu’elle dort mais je l'ai vu pleurer.

 

Petit dèj : cacahuètes et bananes…je fais le plein.

Je ne vois pas l’espagnole et il est 8h00 ils vont retirer le petit dèj.

 

Je prépare une assiette (avec gruau, cacahuètes, dattes) que je recouvre d’une autre assiette et sur laquelle je dépose une banane (je ne sais pas si elle les mélanges au reste) et je monte pour lui déposer ça à coté d’elle comme ça quand elle se réveillera elle n’aura pas sauté un repas (que 2 par jour) mais ne saura pas qui lui a apporté.

 

Dans les escaliers qui mènent à la salle de yoga je la vois descendre en pleurant.

Elle me regarde et je lui tends l’assiette.

Elle me regarde, surprise, et me dit merci.

 

Elle me remerciera une autre fois dans la journée, en coup de vent, et je lui dirais qu’on a que 2 repas par jour et que j’ai fait ce que j’aurais aimé qu’on fasse pour moi (ça m’aurais fait mal d’en sauter un !!!!!!).

 

Balade en forêt pour le coucher de soleil (seule, c’est interdit mais je m’en fou).

En rentrant je fais la connaissance d’Anna une finlandaise.

 

Après la méditation du soir je pars m’assoir sur les marches de la salle de yoga pour regarder les étoiles.

Des lucioles et des étoiles : superbe.

 

Upul monte les marches et j’allume ma torche pour qu’il me voit : il est surprit.

Il va vérifier la salle de yoga et les alentours proches avec sa lampe.

 

C’est étrange…

Puis il revient vers moi et me demande si ma méditation va mieux…et il me dit de ne pas tarder, que je peux rester quelques mn mais qu’après il faut que je retourne dans ma chambre et il parait pas tranquille.

 

Je lui dis que je rentre.

QU’EST-CE QU’IL Y A VRAIMENT DANS CES BOIS ?????

 

J’ai vraiment l’impression qu’on nous cache quelque chose, qu’on ne nous dit pas la vérité mais je ne lui pose pas de questions et je vais me coucher.

 

Peut-être que je pars le 13 au lieu du 14.

J’ai envie de fumer et de lire mes mails.

 

Dimanche:

J’ai pris ma décision : je pars demain.

Un jour avant ce qui était prévu mais je commence à en avoir marre et je n’ai pas envie de saturer pour après être écœurée.

 

Et puis ADAM’S PEAK le jour de la saint valentin : normal !

Ça me changera de ma saint valentin habituelle : film de fille, pizza et gros pot d’häagen-dazs devant la télé.

 

L’espagnole me remercie chaleureusement pour le petit dèj d’hier, elle me dit même qu’elle ne m’oubliera jamais ! Elle sourit...

 

Waouuuu, j’ai créé de l’amour et j’ai peut-être évité un drame: on ne sait jamais quel sera l’effet papillon.

 

2 nouveaux arrivants : Jean-Roch et Jade !

 

Je les avais rencontré à Arungan bay et avais sympathisé en attendant de trouver le scooter, et ils nous avaient dit où voir les crocodiles.

 

Trop contente de les voir.

Ils restent 3 jours.

 

Jean-Roch CHEREAU vient de publier un livre "D'un Monde à l'Autre, à vélo..." il est parti 2 ans et a fait le tour du monde sur son VTT : tout simplement ENORME !!!!

 jean roch

 

Il y a quelques jours j’ai fait la connaissance d’une vieille dame et aujourd’hui elle part.

Elle m’a dit qu’elle faisait tous les ans une retraite au centre bouddhiste de Lodève (celui que j’ai visité quand j’ai fait mon escapade dans le Larzac et j’ai vu que Sandrine et Martin y étaient allé aussi ;-).

 

Elle m’offre une aquarelle grande comme un timbre-poste.

C’est elle qui l’a faite et derrière elle m’a écrit « luck for Caroline, Hanne, Nilambé 2012 » avec un cœur qui sourit et qui lève les bras parce qu’il est heureux.

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (2)   centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (1)

Ça me touche.

 

Je fais également la rencontre d’un Phasme dans les WC !!

Y’a plus glamour pour une première rencontre.

 

Je le mets sur un bâton pour prendre la photo (c’est mieux).

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) PHASME (4)

On part avec Jade et Jean-Rock faire une balade dans la foret, et là on peut parler fort !

 

Lundi:

Lever pour la dernière fois à 4h45 (je commence à être fatiguée.)

 

Méditation et thé mais pas de yoga, je fais mon sac et nettoie mon Kutti comme c’est marqué sur les fiches…

Et je lave mes draps et mes couvertures.

 

Je vais payer ce que je dois (45 euros pour 10 jours logé/nourrie/méditation…).

Upul me dis merci.

Il m’apprend que ANNA part sur Kandy en tuktuk et que je peux éventuellement partager le trajet car aujourd’hui c’est grève des bus !

Je suis arrivée avec la grève des trains et repart avec la grève des bus (essence trop chère).

 

Je partagerai le tuktuk avec elle.

 

Cette expérience m’a ouvert les yeux sur ma condition d’être humain et surtout me donne beaucoup de sujet à analyser.

 

Durant les jours qui ont suivis j’ai écrit ceci :

 

La vie est précieuse, j’ai le sentiment d’être là où je dois être.

 

Les autres ont le droit d’être ce que je ne suis pas. Ce n’est pas parce qu’ils sont différents, bon ou mauvais, que leurs vies a moins d’importance ou de valeur que la mienne. Et je n'ai pas à les juger.

 

Il y a du bon et du mauvais en chacun de nous, on l’utilise d’une manière différente c’est tout. Le symbole du yin et du yang prend toute sa valeur quand on pense à ça.

 yinYang.gif

Nous avons tous notre importance dans ce monde sans en avoir réellement une.

La force de la vie et du néant nous dépasse.

Nous sommes des êtres conscients.

Je pense que le plus important est d’être conscient que nous ne maitrisons rien.

 

Nous pensons le faire mais c’est faux.

Si nous maitrisions tout, nous serions à l’avance ce qui va se produire, comment serait notre vie dans les moindres détails et ce jusqu’à notre mort mais ce n’est pas le cas.

 

Le monde est instable et chaotique. Chaotique ne signifie pas qu’il est voué au néant, simplement qu’il est changeant et qu’il laisse place à l’inconnu au changement.

 

Le changement crée la vie. Si la première cellule qui est née du chaos que l’on nomme big-bang n’avait pas mutée, n’avait subi aucun changement nous ne serions pas là pour en parler.

 

Nous voulons contrôler nos vies, maitriser nos actions et celles des autres pour ne pas à avoir peur de ce que l’on ne peut pas maitriser : L’INCONNU.

 

Nous faisons tout pour ne pas laisser de place à l’inconnu, pour limiter ce que l’on ne peut pas prévoir. Ça nous donne une sensation de pouvoir mais le pouvoir n’est qu’illusion, la vie est plus forte.

 

L’inconnu se présente chaque jour sous des formes différentes : les rencontres, les événements qui se présentent, ou plutôt que nous accueillons sous formes amicales ou ennemies.

On lutte de toutes ces forces pour maitriser ce qu’on ne peut en aucune façon maitriser et c’est ce qui nous rend malheureux.

L’espérance qu’un évènement se déroule selon nos désirs mais la vie ne s’adapte pas à nos convictions c’est l’inverse qui se produit. C’est nous qui devons accepter la vie comme elle se présente.

 

Je ne dis pas de rester planter comme un fruit en attendant qu’on vienne nous cueillir mais d’accepter le soleil et la pluie qui font pousser les fruits.

 

Vous ne lutter pas contre la pluie ou le soleil, vous ne maitriser pas la pluie ou le soleil alors pourquoi voulez-vous maitriser ou lutter contre la vie ?

 

Parfois il arrive que certains fruits poussent dans un jardin luxuriant à l’abri d’un soleil brulant ou d’une pluie de grêle et parfois c’est l’inverse.

Mais n’avez-vous jamais vu un fruit changer de place parce qu’il n’aimait pas l’endroit où sa graine a germée ?

 

Non, il ne peut pas alors il s’adapte.

Certains ont une peau plus épaisse et d’autres plus fine selon le soleil qu’ils reçoivent. Certains dans les régions arides ont la faculté de retenir le peu d’eau qui leur est donnée.

Certains meurent sous la grêle, ça arrive, mais le pourrissement de ces fruits engendre de la vie.

 

C’est pareil pour nous.

Nous ne pouvons pas maitriser la nuit et le jour, la pluie et le soleil,…, il faut simplement qu’on les accepte et qu’on vive avec.

Tout est nécessaire à notre vie, le changement surtout.

 

J’ai lu, je ne sais plus dans quel bouquin (je crois que c’est le Guerrier Pacifique) :

 

« si tu es a l’ombre et que tu as froid, tu te réchauffes en te mettant au soleil mais si tu restes trop longtemps au soleil alors tu brules et tu retournes à l’ombre. »

 

Nous avons besoin de tout et son contraire, nous avons juste besoin de les accepter, d’accepter qu’ils forment un TOUT non dissociable qui nous permet de vivre en faisant l’expérience du présent.

Ce présent que nous oublions trop souvent au détriment d’un passé ou d’un futur qui n’existe plus ou pas encore.

 

« Le présent est un cadeau, c’est pour ça qu’on l’appelle le PRESENT ».

Ça c’est dans « kung fu panda » mais peu importe, ça n’en reste pas moins vrai.

 

Je ne prétends pas appliquer cette philosophie tous les jours à chaque instant mais je m’y emploi pour ne plus subir ma vie mais réussir à l’accepter.

 

Je n’ai pas la sagesse de Bouddha, ni la connaissance des textes bouddhistes.

Je ne pourrai donc pas répondre à vos questions, je souhaite simplement vous faire partager ce que j’en ai compris et interprété en essayant de vous le retranscrire le plus clairement que je peux car je vous l’avoue : ce n’est pas encore très clair pour moi.

 

Mais c’est comme une graine que l’on sème, on la regarde pousser, on l’entretien et son entretien évolue selon ses besoins et les connaissances que l’on acquiert en l’observant ou en s’instruisant.

Je crois que je suis devenue le jardinier de ma vie. On est tous le jardinier de sa vie.

 

J'ai participé au jardin METTA qui consiste à faire tenir en équilibre des pierres. Devinez lequel est le mien:

 centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (14)  

c'est le minuscule entre les deux feuilles au centre, en bas, de la photo; je vous ai dit que je commencais tout juste à être AWARE!

centre de méditation Nilambé (proche de Kandy) (15)

Tout ce que j’ai écrit ne vous parle peut-être pas et vous me prenez pour une illuminée.

 

Si tel est le cas c’est que je n’ai pas retranscrit correctement ce que j’ai compris alors je vous dirige vers des livres mieux construits sur l’enseignement bouddhiste.

 

Dans le cas contraire si j’ai pu vous transmettre un peu de ma réflexion, que vous vous l’appropriez et qu’elle commence à devenir la vôtre et à vous faire réfléchir sur votre condition humaine alors j’ai réussie à faire ce que je voulais.  

 

Toute vérité est évolutive. Il n’y a rien d’absolu dans un monde en évolution.

 

A suivre…

 

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Published by carodi - dans Sri Lanka