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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 10:12

Après mon séjour dans cette région où je n’ai croisé AUCUN touriste sauf un américain qui revenait d’un trek, je pars pour Jaïpur dans le Rajastan.

 

Il est 7h00 et me voilà installer à l’arrière du véhicule style Renault espace qui va jusqu’à Jammu (seule destination avec Delhi, en partance de Srinagar), avec que des hommes et je suis de nouveau le seul cul blanc et la seule femme.

 

Le chauffeur va vite, très vite ! J’ai souvent peur mais ça passe ; ici tu doubles quand tu veux, ou quand tu peux et même quand tu peux pas !

 

On s’est fait quelques frayeurs et failli faire un frontal avec un autre véhicule alors que nous roulions assez vite, heureusement qu’il a de bons freins, on s’est arrêté à même pas un mètre.

 

Sur cette route les accidents sont nombreux et nous voyons des panneaux indiquant les décès et les mises en gardes, on même vu un bus dans le ravin !

 

En cet instant, ma préoccupation n’est plus de savoir si je vais arriver à l’heure pour une éventuelle correspondance à Jammu pour Jaipur mais simplement d’arriver entière et ne pas faire partie du joli décor qu’est le kashmir !!!

 

Une belle inscription est sur un rocher : « expect the inexpectable » que je traduis par : « espère l’inespéré » mais que je saurai plus tard que ça veut dire : « toujours s’attendre à l’inattendu ».

 

On croise des singes que je ne peux pas prendre en photo car on roule trop vite, je vois des aigles survolant des paysages splendides avec en arrière-plan des montagnes enneigées : hormis le stress de la conduite c’est magnifique et je profite de ce répit.

Il ne sera que de courte durée.

 

Arrivée à la gare des trains de Jammu vers 15h30.

Je suis de nouveau la seule touriste : bon dieu, n’y a-t-il pas d’autres culs blancs qui voyagent ? Serai-je la seule dans cette partie de l’Inde ?

 

La découverte de la gare des trains est une expérience que je n’oublierai pas.

Alleppey garre routière (ceci est un exemple, j'étais trop perdu pour prendre des photos ce jour là!)

INCOMPREHENSIBLE pour un simple touriste.

Je me dirige vers un lieu où ils vendent les billets, un indou me dit gentiment qu’il faut aller de l’autre côté de la gare car ce n’est pas ici qu’on les achète, ici c’est que pour les réservations.

Je vais au guichet situé dans un autre bâtiment et fait la queue. Un indou me dit qu’il faut d’abord que j’aille au guichet voisin pour remplir un papier et que je sache quel train prendre.

Je vais au guichet voisin et regarde le tableau qu’il m’a indiqué pour le choix du train.

 

Et là, je vous dirai que ça a été comme la découverte de la lecture à l’école en CP.

Des chiffres et des lettres dans un ordre qui ne veux rien dire.

 

Me voilà devant un tableau incompréhensible.

Je fais la queue et au passage me fait doubler par quelques indous et une fois arrivée devant le guichet je demande un train pour Jaipur.

 

Je pensais toucher au but lorsque le guichetier après avoir tapoté sur son clavier me dit avec le sourire : not avaible, traduction plus de place !!!

Le train c’est mort !

 

Je sors fumer une clope assise sur mon sac. Il est 16h.

 

Je regarde autour de moi et je suis la seule touriste dans une gare où je ne comprends pas le fonctionnement, où il n’y a pas de places disponibles et où tous me regardent comme un singe dans un zoo !

 

Je décide de me poser pour réfléchir et d’attendre jusqu’à 16h30 le passage d’un éventuel blanc à qui je pourrais m’accrocher comme un pou à une tête.

 

Je regrette de ne pas avoir choisi l’option avion srinagar/jaipur pour 140 euros, mais c’est 10 fois moins cher en bus ou en train.

 

Puis je me dis qu’il y a un aéroport ici alors j’étudie les possibilités : thaïlande, laos, …

 

Puis je me dis que je devrais persévérer en Inde, peut être que je ne le vis pas correctement car c’est un trop gros choc et que je rate quelque chose.

 

Ma décision est prise je reste en Inde : aéroport direction Goa.

Il est 16h20.

Je mets un quart d’heure à expliquer à un tuktuk que je veux aller à l’aéroport, il ne comprend pas, je suis obligé de lui mimer l’avion, il me dit un prix et puis le multiplie par deux alors je prends mon sac et m’envais.

 

Je prends un tuktuk plus loin pour 200R mais lui au moins il a compris le mot aéroport !

Je le paye et on part vers ma libération.

Croyant ma galère terminée j’arrive devant l’aéroport : FERMER !!!!!!!!!

 

Reprend le tuktuk pour la gare routière cette foi. Arrivé devant la gare il me demande 200R de plus ! Je lui donne 100 et me casse malgré ces réclamations.

 

Caro en colère avance plus que Caro triste et perdue !

 

Nombreux vendeurs de tickets de bus m’accostent et me disent qu’il n’y a plus de bus pour Jaipur ils sont partis à 16h30 mais ils m’indiquent une gare au bout d’une rue sur la droite.

Sur place je suis vraiment à la gare routière LOCALE de Jammu.

 

Des bus, des locaux, et moi.

On me regarde comme une bête curieuse et m’observe comme si j’allai voler dans les airs ou faire quelque chose de semblable.

Je suis l’attraction de la journée !

 

J’arrive au guichet et demande un bus pour Jaïpur, ce n’est pas le bon guichet, faut aller à l’autre.

Vous souvenez vous des 12 travaux d’Astérix ?

Le monsieur de l’autre guichet me dit de revenir le voir à 20h et pas avant car pour l’instant il ne vend pas les tickets pour Jaïpur.

 

Il est maintenant 17h30, il me reste donc à attendre encore 2h30 !

Je m’assois sur un socle en béton qui fait le tour d’un poteau, mon gros sac à dos bleu devant moi et sur lui mon petit sac à dos rose.

 

J’observe la vie autour de moi ; enfin c’est surtout moi qu’on observe…

Quoi que je fasse je ne pourrai jamais passer inaperçue alors je fais avec et me dis que c’est peut-être pas une mauvaise chose dans le sens où si quelqu’un avait l’idée de m’embêter il serait certainement dissuadé par le fait d’être vu de tous !

 

Autour de moi la vie continue, les enfants rigolent, les gens rentrent et sortent des bus, un homme conditionne un gros sac de bonbons en de petits sachets plastiques qu’il scelle à l’aide d’une bougie, des hommes avec des plumeaux sur la tête passent, et trois touristes blancs marchant à vive allure me passent devant sans me voir et sans que j’ai pu dire quoi que ce soit et s’en vont, je ne les reverrai pas.

Je ne pensais pas que ça m’arriverai mais je recherche vraiment le contact avec un blanc.

 

Nous arrivons vers 19h30 et après avoir évalué l’état de ma vessie je décide de me délivrer d’une tâche que je ne pourrai pas accomplir dans le bus.

 GOA Anjuna j'attends un mini moi 2 (pour vous donner une idée de la charge)

Je suis seule et je ne veux en aucun cas laisser mon sac à un local pour qu’il me le garde et il est hors de question que je le pose au sol dans les WC…

Me voilà partie avec mon sac à dos de 20kg + le petit de 3kg.

 

C’est une expérience à vivre : faire pipi sans rien toucher, en ne respirant qu’un minimum car l’odeur est insupportable,  chargée de 20kg sur le dos et 3kg serré entre les dents pour avoir les mains libres afin de tenir le pantalon et parer à une éventuelle chute tout en essayant de ne pas se faire pipi sur les chaussures !

MISSION ACCOMPLIE !!! Heureusement que c’était des chiottes à la turque !

 

Je pars acheter mon ticket de bus.

Le vieux monsieur du guichet me reconnait et tout en remplissant un papier il discute avec son collègue, répond à un client, rend la monnaie, et me fait mon billet : qui a dit que les hommes avaient un cerveau mono tâche ?

 

J’insiste sur le fait que je vais à Jaïpur, il me confirme ma destination et je m’acquitte de 620R.

Ici les villes ont plusieurs noms et beaucoup se ressemblent alors pour éviter de se retrouver à l’opposé de votre destination mieux vaut écrire la ville sur un bout de papier pour qu’il n’y ai pas de confusion si vous avez une mauvaise prononciation.

 

Je choisi mon siège, se sera le n°3 derrière le conducteur coté vitre (c’est un meilleur appui pour la tête en vue d’un éventuel sommeil et je limite les secousses que j’avais eu à l’aller en étant au fond)

 

J’ai enfin le sésame pour quitter cette région de merde !

 

Le bus part à 20h30 soit dans 45mn.

 

Un sik qui a assister à la scène me conduit au bus et met mon gros sac à dos dans le coffre du bus ; oui, celui-là n’a pas de soutes, juste un mini coffre et des galeries.

Un placier me demande mon ticket et me demande de m’assoir ; je lui demande si j’ai le temps de fumer une cigarette (30mn ça me semble jouable…) il me dit oui mais j’ai la sensation qu’il est pressé que je m’assois.

 

Bref, je suis assise dans un siège certes à ma taille mais dans un espace relativement réduit.

 

Je viens de passer une journée qui m’a semblé durer une semaine.

 

Nous voilà parti.

La route me semble identique à celle prise pour venir ici en partance de Delhi ; je me dis que c’est moi qui y vois une ressemblance car elle est toute cabossée mais que ça ne peut pas être la même puisqu’on va à Jaipur et pas à Delhi qui se trouve à l’opposé.

 

Lorsque je vois le panneau Delhi 628km alors là je rigole moins, je me dis que je me suis encore faite avoir et que le guichetier m’a vendu un billet pour une ville où je ne veux en aucun cas remettre les pieds.

Je suis en colère, je suis même plus que ça !

 

Et puis, qu’est-ce que je peux y faire maintenant que je suis dans le bus (où je suis encore la seule touriste et la seule blanche) rien !

Alors je prends mon mal en patience et essaye de dormir.

 

Avez-vous déjà essayé de dormir en ayant la sensation d’être dans un mixeur ?

Ça tangue, ça saute, ça secoue…c’est tout simplement impossible.

Ma nuit est ponctuée de micro sommeils et des arrêts pipi du conducteur qui nous ouvre les portes pour nous détendre les jambes et prendre un thé.

Oui, il n’y a pas de toilettes dans le bus alors mieux vaut voyager en bonne santé car ça pourrait virer à l’enfer avec une petite indisposition gastrique…

 

Nous arrivons au matin sur Delhi après avoir pris quelques passagers hélé par le contrôleur la tête sortie du bus en criant DELHI.

Nous déposons la presque totalité du bus et j’observe quelques individus (5) qui ne sortent pas.

Je me dis à ce moment-là que peut être Delhi n’est qu’un arrêt et que nous continuons notre route jusqu’à Jaipur, mais sans grandes convictions lorsque soudain le contrôleur recommence à crier pour recruter des passagers en leur disant JAIPUR !!!

 

Un miracle dans ma série de galères !

OUI, le bus va bien là où je souhaitais !!

Une micro fiesta démarre dans mon cœur et me rebouste le moral.

 

Je pars à l’arrière du bus pour vérifier que personne ne parte avec mon sac et retourne m’assoir.

Nous sommes 6 dans un bus d’une quarantaine de places et l’un des occupants s’assoit à côté de moi !

Non mais je rêve ! Espèce de pignouf y’a pas assez de place dans le bus !

 

Après 24h de bus et d’évènements inattendus ma patience a des limites.

Je prends mes affaires et vais m’affaler sur une banquette trois places !

 

Je n’ai jamais eu autant de succés de ma vie avec les hommes, remarque ici les critères sont moins prétentieux : t’es blanche alors t’es faites pour moi ! Et ils insistent !

 

Nous faisons le tour de Delhi pour trouver des passagers, 2h le petit tour quand même !

Le côté positif c’est que j’ai un aperçu global de la ville et elle ne me plait toujours pas …

Panneau Jaipur 350km, il est presque 11h et je me dis que j’arriverai avant le nuit ; ça c’est cool.

 
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Published by carodi - dans INDE